Pour aider à reconquérir, protéger et créer les communs dans nos quartiers et dans nos villes, nous proposons de créer un Atlas interactif des chartes des communs urbains. Le processus collaboratif de création permettra de développer, sur un mode interculturel et inter-disciplinaire, la production et le partage de connaissances sur les outils juridiques qui permettent de faire vivre les communs dans nos villes. Au cours d’ateliers et autres animations culturelles, nous explorerons avec les commoners/habitants les chartes des communs qui existent et leurs applications et nous contribuerons à la création de nouvelles. Une fois constitué, l’Atlas sera une plateforme de rencontre et d’interaction qui invitera les commoners à créer ou récupérer leurs communs urbains.
S’inspirer et créer des chartes des communs urbains
Les chartes des communs urbains sont des règles d’auto-gouvernance dont se dote une communauté de personnes pour faire vivre leurs communs dans leur quartier, leur ville, leur région. Elles peuvent devenir des instruments juridiques qui formalisent la reconnaissance des droits et la souveraineté des individus et de la communauté sur leurs richesses communes. Elles sont aussi un instrument pour organiser le commoning en vue de conserver, de partager et de transmettre les biens communs. Elles s’accompagnent d’une multitude d’activités, de récits, créations, illustrations, célébrations, fêtes, études, qui sont le coeur de la culture des communs et que nous voulons faire vivre et transmettre de génération en génération.
Nous voulons utiliser ce vecteur pour nous inspirer mutuellement et nourrir l’imaginaire autant que les pratiques des communs dans les villes à travers le monde.
La documentation vivante et collective, décentralisée et autogérée de l’expérience de chaque charte des communs, est une manière de faire culture commune. Notre proposition consiste à élaborer et rendre disponibles aux commoners des formats de documentation propices au partage de l’expérience des chartes des communs.
Nous envisageons d’organiser des camps, des résidences culturelles et de réaliser collectivement un Atlas des chartes des communs urbains sous forme d’une cartographie interactive en web sémantique.
Cette démarche est exploratoire, pragmatique, pédagogique, et politique. Elle est à la fois interdisciplinaire et Interculturelle. Elle permet de formaliser son expérience, de la relier avec les membres de sa communauté et de la partager avec ceux des autres communautés. Elle permet aussi de partager les outils juridiques élaborés au fil du temps et l’expérience accumulée à travers le monde (avec l’assistance de juristes et de designers urbains). Elle vise à faire connaître et reconnaître ce processus comme l’un des principaux leviers de la démocratie et d’une vie harmonieuse en société dans la ville.
Apprendre de l’expérience historique et contemporaine des chartes
Nos activités de documentation et d’animation sur les communs à remixthecommons nous ont fait découvrir la variété et la richesse des initiatives et propositions citoyennes en milieux urbain et territoriaux sur divers continents. Dans le processus de constitution d’un commun, les voisins et citoyens passent toujours par l’ importante et nécessaire étape de se doter de règles d’auto-gouvernance et de les formaliser. Des pratiques innovantes en la matière apparaissent entre voisins au niveau des quartiers comme à Dakar ou au niveau de villes entière comme à Bologne ou Djakarta pour ne citer que celles-là.
Les pratiques, pour nous les plus exemplaires, sont celles où les initiatives des citoyens ont su mobiliser des compétences et expertises diverses issues de différents secteurs d’activités (coopérativistes, activistes, architectes, juristes, designers urbains, informaticiens, etc) pour faire des propositions à la fois innovantes et pragmatiques qui invitent, encouragent, assurent et encadrent la participation active des citoyens dans la récupération, la construction et la gestion des communs urbains.
En Europe les exemples italiens de ABC de Milan et des Chartes des communs municipaux, maintenant adoptés dans plusieurs villes sont inspirants. D’autres initiatives émergent en Angleterre, en Espagne et ailleurs. Elles ne demandent qu’à être partagées, remixées et adaptées à un autre contexte socio-culturel et politique.
Cette floraison de chartes est un incitatif pour les apprentis commoners à partager avec leurs pairs et coproduire des connaissances et propositions dans leur localité.
La montée en puissance au niveau européen des réseaux d’activistes des communs garantit des échanges et une cross fertilisation interculturelle. En témoignent les récents séminaires franco-italiens sur le sujet.
Nous pensons finalement que cette mobilisation collective autour des chartes urbaines est une belle manière de célébrer le huit-centième anniversaire de la Magna Carta (1215) qui a marqué l’histoire des communs.
Une invitation à l’échange
Nous souhaitons mettre en place un prototype numérique de l’Atlas des chartes des communs urbains. Il sera co-créé lors d’un premier atelier et amélioré de manière itérative. Ateliers en présentiel et en ligne vont stimuler la documentation de chartes existantes et la création de nouvelles, adaptées à leurs contextes et à aux droits locaux. Ces actions feront se croiser disciplines scientifiques et savoir-faire populaire. Et nous prendrons soin de disposer diversifier les procédés de travail pour être accessibles à tous, d’assurer le partage des données, comme celui de la conception des usages et des services inspirés par l’Atlas.
Nous sommes heureux d’inviter à participer tous les militants et les chercheurs motivés par les communes, en particulier ceux partie-prenante du réseau de francophone pour les communs, les organisations telles que Commons Josephat (Bruxelles), Marx Dormoy Labs (Paris) les Journées des Alternatives Urbaines (Lausanne ), ou la maison des communs (Montpellier), le LARTES à Dakar, … etc, ainsi que les collectifs européens comme Comuns Urban Activists à Barcelone, P2p plazas à Madrid, … etc.
Cette initiative nous conduira aussi à collaborer avec les militants des Droits à la Ville, comme en France, la coordination « Pas sans nous! ou le Collectif pour la Transition sur la Citoyenneté, et l’Alliance Internationale des Habitants.
Certaines municipalités et gouvernements locaux s’engagent déjà à soutenir les communs et ont leur propre charte. Ce sont autant d’espaces qui permettent d’expérimenter notre approche. Le Festival des communs à Chieri, en Italie (Juillet 2015) pourrait être une première occasion.
L’apport de Remix the commons
Remix the commons jouera son rôle d’incubateur de projet et partagera son expérience, tant en matière de cartographie interactive interculturelle et multilingue du projet de définition des communs, que d’animation des processus de co-création (voir ‘The Art of Commoning’). et la connaissance des réseaux européen et notamment en France, Espagne, Italie et Allemagne. L’un des premiers rendez-vous que nous pouvons nous donner sera le Festival francophone « Temps des Communs » (du 5 au 18 octobre 2015).